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Articles

Affichage des articles du juin, 2025

Dire l'indicible : un éloge de la parole libre

I l existe des vérités que personne n’a envie d’entendre. Des phrases qui grincent, qui dérangent, qui irritent les consciences bien installées. Et pourtant, ce sont précisément ces mots-là, ces paroles âpres, que George Orwell plaçait au cœur même de la liberté. Orwell n’était pas un homme de confort. Il était de ces écrivains dont la plume est une alarme, un antidote au mensonge, un miroir posé devant l’hypocrisie sociale. Quand il parle de liberté, ce n’est pas une abstraction dorée ou une revendication creuse : c’est un combat. Une épreuve de vérité. Une exigence. La photographie en noir et blanc où il apparaît, figé dans le temps devant un micro de la BBC, n’est pas anodine. Elle nous rappelle que la parole est un acte. Qu’elle engage. Qu’elle expose. Et qu’elle coûte, parfois très cher. Orwell savait qu’il ne suffisait pas de s’indigner, encore fallait-il nommer les choses, même lorsque le monde voulait les effacer. Dans une époque où l’on confond souvent liberté d’expression et ...

Une cité inachevée

     C ’était une cité foisonnante, un kaléidoscope d’âmes et d’esprits, où chaque pierre semblait dominer un récit oublié. Penseurs, inventeurs et pères de nations tenaient un fragile équilibre : ils se passaient le sceptre de la vision comme on se transmet une flamme vive, consciente qu’elle peut tant éclairer que consumer. Dans les rues pavées, la rumeur du peuple, poème en marche, osait une légèreté subtile : un chant à peine audible, un murmure d’espérance, ténu comme un fil d’or sur la trame du quotidien.      Aux carrefours de la cité, les voix se mêlaient en arabesques inattendues. Un sage méditait sur un banc d’ardoise, la barbe grisonnante, tandis qu’un artisan, marteau en main, façonnait la mémoire révolue d’une civilisation. Là, derrière les façades ornées d’inscriptions étranges, se recueillaient les utopies anciennes, bercées par l’idée que l’homme pouvait, un jour, habiter son temps sans le trahir.      Pourtant, sous l’ombre d...

Ouvrir des écoles, fermer des prisons : l’héritage de Victor Hugo

I l suffit parfois d’une phrase pour embraser notre réflexion et nous rappeler l’essentiel : éduquer, c’est prévenir. Quand Victor Hugo lançait ce cri fulgurant, il ne soulignait pas seulement l’importance de l’instruction : il dessinait les contours d’une société plus juste, plus humaine. Aujourd’hui encore, cette parole résonne en écho dans nos esprits, comme un appel urgent à investir dans la connaissance plutôt que dans le châtiment. Nous vivons à une époque où la tentation du répressif est souvent présentée comme la solution la plus rapide et la plus visible. Enfants exclus du système scolaire, familles en difficulté, quartiers marginalisés : au lieu d’accompagner ces fragilités, nos gouvernements érigent des murs et verrouillent des portes. Pourtant, Hugo nous souffle que c’est là que réside toute l’erreur : en opposant l’école à la prison, il nous rappelle que la source des déviances sociales est avant tout une absence d’opportunités, un manque d’espoir. L’école ne se limite pas...